L’abeille butineuse virevolte de fleur en fleur en quête de pollen. Quelques semaines plus tôt, au sein de la colonie, elle était ouvrière. Tour à tour, l’abeille butineuse a décrassé l’habitat commun, alimenté les petits, construit les cellules des alvéoles, géré les stocks de provisions ; elle a bien entretenu la ruche et bien gardé son entrée. Depuis des millénaires, elle assume les mêmes fonctions et effectue les mêmes tâches. L’abeille butineuse assume ses tâches sans rien attendre en retour, elle travaille, elle butine.
L’abeille est présente sur toutes les continents de la planète ; les 7,6 milliards d’êtres humains l’ont déjà vue. Depuis tout ce temps, elle a cohabité avec les hommes et tous les êtres vivants de la planète. Mais à l’observer de près, on est tenté de se demander si son instinct surpasserait l’intelligence humaine.
L’abeille butineuse seule dans les prés et membre d’une colonie
Toute la nature lui appartient ; l’abeille butineuse s’éloigne de sa colonie pour récolter du pollen. Elle vrille dans l’air pour détecter les parfums qu’elle aime, s’arrête sur telle fleur et telle autre sans jamais se lasser, jamais désœuvrée et pour le compte de la colonie. Elle sait quelle est sa mission et semble aussi pressée pour remplir, combler sa vie éphémère de quelques semaines, quelques mois. L’abeille d’hiver vit moins longtemps que l’abeille d’été dont la longueur de vie peut atteindre 243 jours (5 à 6 mois).
L’abeille butineuse que nous croisons pèse 80 milligrammes et mesure entre 12 et 13 millimètres, elle doit trouver les espèces de plantes dont elle a besoin pour fournir du pollen à la colonie. En un quart d’heure, elle visitera 20 à 300 fleurs ; le tour peut durer une demie heure durant laquelle elle récoltera 40 milligrammes de nectar, soit environ 10 milligrammes de miel. Avant la tombée de la nuit, l’abeille butineuse est capable d’effectuer entre 10 et 30 sorties pour sa colonie.
Avec des battements d’ailes pouvant atteindre 150 par seconde, la butineuse vole à 27 km/h et son tableau de bord marque environ 800 km en fin de vie. Tant que la fleur cible n’a pas livré tout son nectar, l’abeille butineuse revient ; la nature faisant bien les choses, d’autres plantes fleuriront dans les semaines qui suivent. Avant la fin de la saison, le thym, la lavande, l’acacia, le trèfle, la phacélie, le tournesol etc. lui fourniront gracieusement ce dont elle a besoin.
L’abeille butineuse et la pollinisation, un service envers la nature
La vie sexuée de la multitude de plantes qui nous rendent des fruits savoureux tous les ans dépend de la pollinisation par les insectes et les abeilles en particulier. L’incompréhensible contrat naturel entre les plantes et les insectes voudrait que ces derniers de la fécondation des plantes. L’abeille butineuse la pollinisation chez les plantes en transportant le pollen de l’étamine (organe masculin de la fleur) vers le pistil (organe féminin) permettant ainsi aux végétaux d’assurer leur fécondation et produire nos fruits avec de nouvelles graines, noyaux et pépins.
De leur côté, les espèces végétales disposent de techniques remarquables pour attirer les abeilles butineuses. Bien entendu, les abeilles butineuses ne sont pas les seuls pollinisateurs des plantes. La pollinisation des espèces végétales est également assumée par l’eau, le vent et d’autres espèces d’animaux comme le colibri et les chauves-souris.
L’abeille butineuse et les autres membres de la colonie
Une forte colonie d’abeilles peut comporter entre 10 000 et 15 000 butineuses par jour pour récolter le pollen et produire le miel. Cependant, les tâches à remplir au sein d’une colonie sont nombreuses et méticuleusement réparties.
La reine des abeilles
La reine des abeilles est la reine-mère de la colonie ou d’une ruche. C’est autour d’elle que s’organise toute la vie de la colonie. Avec sa taille oscillant entre 16 et 18 millimètres, elle plus allongée que les autres membres de la colonie. Seul individu fertile du groupe, la reine se nourrit exclusivement de gelée royale ; la reine pond 2000 œufs par jour (environ 1 œuf par minute), soit environ 130 000 œufs par an et 500 000 œufs durant toute sa vie qui peut atteindre les 5 ans.
Autour de la reine, une organisation de pointe
C’est une organisation très planifiée qui s’opère autour de la reine qui ne quittera la colonie que lors de sa duplication : l’essaimage. Les faux-bourdons de chargent de féconder la reine afin qu’elle assume ses pontes. Les abeilles nettoyeuses s’occupent de l’entretien de la colonie. L’insalubrité peut provoquer des maladies. Alors les nettoyeuses débarrassent la colonie de tous ses déchets et préparent les alvéoles à accueillir de nouveaux œufs.
Pour une extension du groupe, la colonie doit disposer de nouveaux bâtisseurs pour construire des milliers d’alvéoles. Ce rôle est conféré aux abeilles maçonnes qui possèdent une géométrie leur permettant des alvéoles juxtaposés de six côtés et d’une profondeur très précise. Les abeilles manutentionnaires-magasinières sont de véritables gestionnaires de stock. Celles-ci réceptionnent le pollen rapporté par les abeilles butineuses ; elles transforment progressivement ce pollen par leurs enzymes.
Le pollen transformé en miel par les manutentionnaires est stocké dans les alvéoles. Ce beau monde entassé au sein d’une colonie a besoin d’espace et surtout d’air pour affronter les aléas climatiques des saisons. Interviennent alors les abeilles ventileuses qui battent les ailes créer un ingénieux système d’aération pour maintenir la température, réguler le taux d’humidité, renouveler l’air et faire évaporer l’eau contenue dans le miel.
La colonie peut être attaquée à tout moment par des prédateurs, notamment le frelon. Pour se protéger, la colonie met en place un dispositif de sécurité, une charge attribuée aux abeilles gardiennes. Les gardiennes défendent la colonie contre les envahisseurs, veillent à ce que les abeilles d’une autre colonie ne viennent perturber l’ordre et protègent le travail de la colonie.
La part de l’homme dans l’extinction des abeilles
Nous avons une seule et même Terre à partager. Au lieu de rechercher l’harmonie avec les êtres dits inférieurs et l’équilibre global de notre environnement, l’homme civilisé a clairement fait le choix d’une civilisation destructrice pour la planète. L’abeille butineuse, par les mêmes gestes depuis des millénaires, respecte la nature. La colonie n’a pas de médecins, la colonie n’a pas inventé une économie libérale, la colonie ne connaît pas la croissance ; ce qu’elle sait faire lui suffit.
La colonie des abeilles ne crée pas volontairement des injustices sociales, des guerres futiles pour le pétrole, laissant en marge des clochards, des sans-abris, des réfugiés persécutés puis maltraités aux frontières de l’Europe. Au sein de leur colonie, les abeilles se considèrent et se respectent. L’abeille butineuse part à la recherche de pollen, elle est en harmonie avec les plantes et leurs fleurs, se laissant guider par son instinct ; l’abeille sait que la vie est courte, elle profite du monde qui lui appartient aussi, elle jouit pleinement de sa liberté.
Un biotope qui se dégrade continuellement
Les aires géographiques offrant des conditions constantes ou cycliques aux espèces mellifères se détériorent en raison de l’activité humaine. Tous les jours, de nouveaux bâtiments se construisent dans nos villes et villages ; ce qui réduit inexorablement l’habitat des petites espèces que sont les insectes. Notre agriculture industrielle et intensive déverse une quantité incommensurable de pesticides chimiques très nocifs pour la faune et la flore.
Les habitudes de l’abeille butineuse, celle que nous apercevons au quotidien, et l’équilibre de la colonie d’abeilles s’en trouvent profondément affectés.
Espérons que l’être suprême qu’est l’homme saura reconsidérer ses conditions de vie ainsi que les conséquences désastreuses, espérons que l’homme intelligent veillera à rétablir l’équilibre avec toutes les autres espèces de la planète.
Voir aussi l’essaimage d’abeilles
« Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d’Hommes,
Que j’ai honte de nous, débiles que nous sommes ! »
La mort du Loup, Alfred de Vigny, Les Destinées.
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